Fleur des Ruines
Jules Berlioz D'Auriac (1820-?)
Mon coeur vaincu n'est plus que ruine et décombres,
Tel qu'un vieux bourg battu des hiboux au vol noir.
Entre les quatre murs dévastés, chaque soir,
Tournent des revenants effrayants et sans nombre.
Le jour, les hautes tours d'autrefois font tant d'ombre
Que même en plein midi, l'on peut à peine y voir ;
La solitude y donne asile au désespoir ;
Un silence accablant pèse sur le roc sombre.
Tout est ténèbres, deuil, désert, effondrement ;
Tout s'effrite et s'écroule, et l'on ne sait comment
La pierre peut encore s'accrocher à la pierre.
Mais là, dans les débris désolants du passé,
Sous un rayon glissant par une meurtrière,
Une petite fleur -ton amour- a poussé.
Recueil " " - Jules Berlioz D'Auriac (1820-)