Poèmes
Fables
Citations
Humour
Menu pour Enfants
Autres textes

Fermer Bandes dessinées

Fermer Blagues

Fermer Blagues 2

Fermer Blagues 3

Fermer Chansons

Fermer Discours

Fermer Lettres

Fermer Légendes des Fleurs

Fermer Mes poèmes

Fermer Policier

Charles Baudelaire - Au lecteur

Navigation parmi les articles du dossier "Charles Baudelaire" Précédent
Suivant

Poème de Charles BAUDELAIRE  (1821-1862)

AU LECTEUR

La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.

C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !
Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.

Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.

Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.

Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas ! n'est pas assez hardie.

Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;

C'est l'Ennui ! - l'oeil chargé d'un pleur involontaire,
Il rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère !

Recueil " Les Fleurs du Mal " - Poèmes de Charles BAUDELAIRE  (1821-1862) |  Auteurs Classiques
Navigation parmi les articles du dossier "Charles Baudelaire"

Date de création : 22/10/2006 @ 11:42
Dernière modification : 27/06/2012 @ 09:31
Catégorie : Charles Baudelaire
Page lue 1626 fois



Réactions à cet article

Personne n'a encore laissé de commentaire.
Soyez donc le premier !


Recherche



Connexion...
 Liste des membres Membres : 21

Votre pseudo :

Mot de passe :

[ Mot de passe perdu ? ]


[ Devenir membre ]


  Membre en ligne :
  Anonymes en ligne : 9

Total visites Total visites: 1579605  

Record connectés :
Record connectés :Cumulé : 251

Le 17/04/2020 @ 13:05


Webmaster - Infos
Moteurs de recherches



Google

PageRank Actuel

Calendrier
Sites Etoile-b

^ Haut ^