LES TOITS
La vieille maison de mon grand-père
avait un toit d'ardoise.
Je me rappelle même il y avait des herbes
qui poussaient là-haut...
- Où est-elle, ai-je demandé,
la vieille maison de mon grand-père ?
On m'a répondu qu'elle s'est d'elle-même écroulée.
Regarde, m'a-t-on dit,
le beau trottoir que nous avons pu faire
avec les ardoises du toit.
... Sûr, les ardoises sont les mêmes.
Que la maison se soit d'elle-même écroulée,
ça, je n'y crois pas.
C'était une maison exquisement conçue
commode, simple,
et semblable aux humains.
Pourtant comme l'univers de grand-père,
elle souffrait du même défaut :
Un toit terriblement lourd et
point de fondements.
La maison ne s'est pas écroulée
mais lentement,
lentement dans la terre enfoncée.
Enfoncée jusqu'au toit.
Et je marche aujourd'hui sur les ardoises
comme un chat.
Du buis sort en fumée de ses cheminées...
tandis qu'en bas
dans l' Atlantide de grand-père
tout est resté comme autrefois.
Le feu brûle dans l'âtre
et dans la marmite des haricots mijotent.
Papa tout petit dans le giron de grand-père
se blotti.
- fais dodo bien vite !
murmure-t-elle
car le loup-garou rôde sur le toit !...
Et pap écoute, terrifié.
-Oui, on l'entend !
(ce sont mes pas)
Et il le croit
Et il frissonne
Et il s'endort.
moi, je marche toujours sur le trottoir.
La superstructure
ne soit pas écraser la base !
Et nous, gens de plume,
devons inventer quelque chose de véritable
réaliste
ensoleillé
et capable de résister...
Car il me semble que
déjà
quelqu'un marche sur notre toit.
Et des éclairs
semblables à des ailes
commencent à pointer sur ses épaules.
Lubomir Levtchev