Sans larmes
Qu'il est facile d'être amoureux
A l'âge de vingt ans,
Qu'il est facile aussi
De n'être plus aimé...
Ah ! j'embrassais les vents,
Ah ! je baisais la pluie,
Je me roulais dans les prairies
humides de tendresse.
Et quand on me poussait
Dans l'abîme de l'adieu,
Je pensais en mourir.
J'étais pourtant chaque fois sauvé
Dans les filets à mailles
de jeunes rayons solaires,
Et je sautais dessus
comme sautent
Les enfants sur les sommiers à ressorts,
Ma face riait
Toute tiède encore des larmes séchées.
Des jeunes filles dansaient
autour de moi
M'entortillaient
De vrilles maléfiques.
Et c'est après la peine d'une rupture
Que j'ai le mieux senti la liberté.
Mais qu'il est donc terrible d'être aumoureux.
A quarante ans.
Et plus terrible encore
De cesser d'être aimé.
Sans adieu.
Sans magie.
Sans larmes.
La séparation n'apporte pas la liberté...
Et me voici pensant
Que je n'en mourrai pas.