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Guillaume Apollinaire - L'assassin
Poème de Guillaume APOLLINAIRE (1880 - 1918)L'assassinChaque matin quand je me lèveUne femme se dresse devant moi Elle ressemble à tout ce qu'hier J'ai vu de l'univers Le jour d'avant j'ai pénétré Dans cette chevelure Forêt profonde forêt obscure Où poussent et s'entrelacent Les branches de mes pensées Et aux usines de la face Ô mon ennemie matinale On fondait et façonnait hier Tous les métaux de mes paroles Et dans ses poings qui la défendent Masses de fonte impitoyables Je reconnais je reconnais Les marteaux-pilons De ma volonté MON ALAMBIC vos yeux ce sont mes ALCOOLS Et votre voix m'enivre ainsi qu'une eau-de-vie Des clartés d'astres saouls aux monstreux faux cols Brûlaient votre ESPRIT sur ma nuit inassouvie JE suis au bord de l'océan sur une plage, Fin d'été : je vois fuir les oiseaux de passage. Les flots en s'en allant ont laissé des lingots : Les méduses d'argent. Il passe des cargos Sur l'horizon lointain et je cherche ces rimes Tandis que le vent meurt dans les pins maritimes. Je pense à Villequier " arbres profonds et verts " La Seine non pareille aux spectacles divers L'Église les tombeaux et l'hôtel des pilotes Où flotte le parfum des brunes matelotes. Les noirceurs de mon âme ont bien plus de saveur. Et le soleil décline avec un air rêveur Une vague meurtrie a pâli sur le sable Ainsi mon sang se brise et mon cœur misérable Y déposant auprès des souvenirs noyés L'échouage vivant de mes amours choyés. L'océan a jeté son manteau bleu de roi Il est sauvage et nu maintenant dans l'effroi De ce qui vit. Mais lui défie à la tempête Qui chante et chante et chante ainsi qu'un grand poète. La nuit descend comme une fumée rabattue Je suis triste ce soir que le froid sec rend triste Les soldats chantent encore avant de remonter Et tels qui vont mourir demain chantent ainsi que des enfants D'autres l'air sérieux épluchent des salades J'attends de nouveaux poux et de neuves alertes J'espère tout le courage qu'il faut pour faire son devoir J'attends la banquette de tir J'attends le quart nocturne J'attends que monte en moi la simplicité de mes grenadiers J'attends le grog à la gnole Qui nous réchauffe Dans les tranchées La nuit descend comme une fumée rabattue Les lièvres et les hases bouquinent dans les guérets La nuit descend comme un agenouillement Et ceux qui vont mourir demain s'agenouillent Humblement L'ombre est douce sur la neige La nuit descend sans sourire Ombre des temps qui précède et poursuit l'avenir Recueil " " - Poèmes de Guillaume APOLLINAIRE | Auteurs Classiques Date de création : 22/10/2007 @ 01:04
Dernière modification : 23/07/2012 @ 14:27
Catégorie : Guillaume Apollinaire
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