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Guillaume Apollinaire - Le trésor

Poème de Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Le trésor

Jadis, jadis vivait m'amie
Une princesse aux cheveux d'or,
En quel pays ? Ne le sais mie.
Jadis, jadis vivait m'amie
La fée Yra, son ennemie,
Qui changea la belle en trésor.
Jadis, jadis vivait m'amie
Une princesse aux cheveux d'or.

En un trésor caché sous terre
La fée, au temps bleu des lilas,
Changea la belle de naguère
En un trésor caché sous terre.
La belle pleurait solitaire :
Elle pleurait sans nul soulas
En un trésor caché sous terre :
C'était au temps bleu des lilas.

De la mousse je suis la fée,
Dit à la princesse une voix,
Une voix très douce, étouffée,
De la mousse je suis la fée,
D'un bleu myosotis coiffée.
Pauvrette ! En quel état vous vois !
De la mousse je suis la fée,
Dit à la princesse une voix.

Par un homme jeune et fidèle
Seront sauvés vos yeux taris,
Dit cette fée à voix d'oiselle
Par un homme jeune et fidèle
Qui vous désirera, ma belle,
Et pour l'or n'aura que mépris,
Par un homme jeune et fidèle
Seront sauvés vos yeux taris.

Cent ans attendit la princesse.
Un jour quelqu'un passa par là,
Chevalier de haute prouesse,
- Cent ans l'attendit la princesse -
Brave, invaincu, mais sans richesse,
Qui prit tout l'or et s'en alla.
Cent ans attendit la princesse.
Un jour quelqu'un passa par là.

La pauvre princesse invisible
Fut mise en la bourse de cuir ;
La pauvre princesse sensible,
Adorable, mais invisible.
Un brigand tua l'invincible,
Prit la bourse et se mit à fuir.
La pauvre princesse invisible
Pleurait dans la bourse de cuir.

Elle pleurait d'être en servage
Et de ne pas pouvoir crier.
Le grand vent du Nord faisait rage
- Elle pleurait d'être en servage -
Mais un homme vit le carnage,
Vint et tua le meurtrier.
Elle pleurait d'être en servage
Et de ne pas pouvoir crier.

Le sauveur, un pauvre poète,
Dit : " Onc homme tel trésor eut ;
Mais j'en fais fi ! Je suis très bête,
Un sauveur, un pauvre poète !
J'aimerais mieux une fillette. "
Alors la princesse apparut.
Le sauveur, un pauvre poète,
Dit : " Onc homme tel trésor eut ! "

Et voilà l'histoire, m'amie,
De la princesse aux cheveux d'or.
Quel est son nom ? Ne le sais mie.
Et voilà l'histoire, m'amie,
De celle que son ennemie
Changea jadis en un trésor.
Et voilà l'histoire, m'amie,
De la Princesse aux cheveux d'or.

JE vis un soir la zézayante
Et presque jamais souriante
Et renversée, un soir, hiante,
Pour quel ennui ? Vers quel soulas ?
S'ennuyait-elle d'une gemme,
D'une fleur bleue ou de l'angemme
Ou plaçait-elle ceci : " J'aime ! "
Trop au hasard des tombolas !

Et dans le soir qui tout nous souille
Le fauteuil qui d'ombre se brouille
Avait des formes de grenouille
Près du lit, tel un tombeau bas.
Ainsi bayèrent par le monde
Viviane auprès de l'immonde
Et dans son palais Rosemonde
Qui fut moins belle que Linda.
Et moi qui tiens en ma cervelle
La vérité plus que nouvelle
Et que, plaise à Dieu, je révèle
De l'enchanteur qui la farda
Du sens des énigmes sereines,
Moi, qui sais des lais pour les reines
Et des chansons pour les sirènes,
Ce bayement long m'éluda.
Car au cœur proche et que je craigne
Ce cœur que l'ennui tendre étreigne.
Au cœur l'ennui c'est l'interrègne
À ne pas être l'interroi.
Ses mains alors s'épanouirent
Comme des fleurs de soir et luirent,
Ses yeux dont soudain s'éblouirent
Les dormantes glaces d'effroi
De voir bayer leur sombre dame,
Princesse ou fée ou simple femme
Ayant avec la mort dans l'âme
La grenouille pour tout arroi.

Lorsque vous partirez, je ne vous dirai rien,
Mais après tout l'été, quand reviendra l'automne,
Si vous n'êtes pas là, zézayante, ô Madone,
J'irai gémir à votre porte comme un chien.
Lorsque vous partirez, je ne vous dirai rien.

Et tout me parlera de vous pendant l'absence :
Des joyaux vus chez les orfèvres transmueront
Leurs gemmes en mauvais prestiges qui seront
Vos ongles et vos dents comme en réminiscence
Et tout me parlera de vous pendant l'absence.

Et, chaque nuit sans lune attestant vos cheveux,
Je verrai votre ennui dans chaque nuit lunaire ;
Mais puisque vous partez l'on me soit débonnaire
Et fixe mon étoile et l'astre que je veux
Dans chaque nuit sans lune attestant vos cheveux.

Quand l'automne viendra, le bruit des feuilles sèches
Sera de votre robe un peu le bruissement.
Pour moi, vous sentant proche, en un pressentiment,
La feuille chue aura le parfum des fleurs fraîches,
Quand l'automne viendra hanté de feuilles sèches.

Madone au Nonchaloir, lorsque vous partirez,
Tout parlera de vous, même la feuille morte,
Sauf vous qui femme et mobile comme la porte
Avant le premier soir de danse m'oublierez,
Madone au Nonchaloir, lorsque vous partirez.

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Date de création : 22/10/2007 @ 15:17
Dernière modification : 22/07/2012 @ 15:03
Catégorie : Guillaume Apollinaire
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