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Guillaume Apollinaire - Les Doukhobors
Poème de Guillaume ApollinaireLes DoukhoborsLes Doukhobors, ô frères, mes frères lointainsEt la Mort qui n'existe pas est venue leur dire : " Venez ! vous serez armés de sabres, de lances, de fusils, Vous porterez des étendards, vous serez vêtus d'uniformes Et vous tuerez des hommes Si je vous le dis, Car l'Empereur ne veut pas tuer d'hommes, Lui ! " Les Doukhobors, ô frères, mes frères lointains. Ayant de tuer la volonté précise et touchante, innocente, La volonté plus forte encor de résister Pâles géants, Noëls altruistes et impies Partirent et puis un jour voyant près d'eux Héroïque et inerte Matvei Lebédeff Les chevaux sauvages hennissent dans les steppes On crie au loin, du milieu des steppes où l'on est libre. Les Doukhobors Aiguisèrent leurs épées claires Faites pour fendre les chairs Et se teinter de sang Ils ont creusé le sol Et le pétrole a jailli Sur le jet de la source bleuâtre Source d'enfer empuantie, Ils ont jeté les fusils, les épées, les lances Les idoles étendards que l'on a peur de perdre et qui flambent très bien, Les Doukhobors las des patries On fait flamber les étendards. La Mort qui n'existe pas sonna la charge Les cosaques chargèrent Mais ils eurent peur d'en trop tuer Et ce n'était pas fraternité Les Doukhobors ô frères, mes frères lointains, Menaçante la Mort qui n'existe pas leur dit : " Vous me niez ! Tout meurt et tout est malade autour de moi Vous me niez ! Je mourrai, (quand on meurt, je meurs) Sur votre liberté Et sur votre mensonge car je suis éternelle Et vous n'aurez jamais la liberté réale (Entre temps vous serez mes égaux et libres rien qu'en moi) Que vous voulez mondiale. " Les Doukhobors ; le soleil qui radiait Dut paraître à leurs yeux extasiés Espérant des remous Océaniques Des nations, là-bas, du côté d'Occident ou d'Amérique Le cou tranché d'une tête immense, intelligente Dont le bourreau n'osait montrer La face et les yeux larges pétrifiés À la foule ivre Et quel sang, et quel sang t'éclabousse, ô monde Sous ce cou tranché ! PARMI le tan et le plantain Et les ruines légendaires Chaque richard stavelotain Ingurgitant diverses bières Et comptant les jours révolus En bon bourgeois songe aux affaires Pour le reste ce sont mystères Jusqu'au mariage c'est l'us À Stavelot pas de putain Le nu mérite les galères Chère cache ce blanc tétin ! Et tous pourraient jeter pierres Les jeunes gens sont impollus Et des défunts célibataires Sont encore puceaux dans leurs bières Jusqu'au mariage c'est l'us. Retour Date de création : 22/10/2007 @ 16:03
Dernière modification : 22/07/2012 @ 21:51
Catégorie : Guillaume Apollinaire
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