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Guillaume Apollinaire - Poèmes divers
Poème de Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)Poèmes diversLes villes sont pleines d'amour et de douleurDeux plantes dont la mort est la commune fleur Les villes que j'ai vues vivaient comme des folles Et vomissaient le soir le soleil des journées Les villes chaque nuit [ceignant] une auréole Feignaient d'être soleil tant qu'il n'était point né Villes chair de ma vie j'aime vos nuits solaires J'ai promené mon cœur par vos soirs blancs et froids Et libre jusqu'au jour j'ai foulé sans colère Les ombres projetées par les statues des rois Les meurt-de-faim les sans-le-sou voyaient la lune Étalée dans le ciel comme un œuf sur le plat Les becs de gaz pissaient leur flamme au clair de lune Les croque-morts avec des bocks tintaient des glas Ô maisons dans la nuit Ô lits pleins de râles De la mort des amants du bonheur des époux Punaise au ciel du lit simulant une étoile Et la bête à deux dos qui se tâtait le pouls Au clair nul des bougies tombaient vaille que vaille Des faux cols sur des flots de jupes mal brossées Des couples d'ombres célébraient leurs accordailles À mes yeux de dehors dans les rez-de-chaussée La ville aux feux de nuit semblait un archipel Des femmes demandaient l'amour et la dulie Mais à mes yeux de mâle horreur je me rappelle Les passantes du soir n'étaient jamais jolies Puis le jour revenait mais parfois sans soleil Dresser les maisons côte à côte au bord des rues Où s'égarent nos vies aux autres vies pareilles Les vies traînant leur ombre en passant dans la rue Intercalées dans l'an c'étaient des journées veuves Les vendredis sanglants et lents d'enterrements Des blancs et des tout noirs venus des cieux qui pleurent Quand la femme du diable a battu son amant Le jour s'arrondissait le bon œuvre de pierre Les remparts entouraient les murs et les maisons La gloire des statues les croix des cimetières La rumeur des hommes en oraison L'oraison innombrable de la vie qui se grise Qui veut vivre et mourir dans l'amour et l'effroi Les usines sont plus hautes que les églises Et les villes le jour ce sont des soleils froids Les statues endormies qui rêvent toutes blanches Dont la soif de mourir jamais ne s'étanche Les statues blêmies Des amours souriants et gelés Sous la neige qui tombe Songent aux tombes D'amours morts Enterrés sur un lit de roses et de verveines En quelque Cythère lointaine Il somnole en leur marbre un vague souvenir D'Hellas endormie Sous la Séléné d'or Ô mon âme Que jamais ne t'étreigne Le froid des Paros Sous les soleils d'avril Les guêpes et les mouches Ont trompetté leur haine J'ai la tristesse d'être à la merci d'instincts Les vers visqueux me guettent Avec le froid des pluies Sous terre mon cadavre verdi Sera ma vie lointaine Et rien Un corps décomposé Fleurissant en fleurs tôt fanées Fleurs des fiancés Des trépassés C'est le destin des hommes Des hommes qu'on oublie Guillaume Oui Léo Larguier soldat mystique ô brancardier Les vers du caporal plaisent au brigadier Ce secteur 114 est-ce Arras ou peut-être La ferme Choléra sinon le bois Le Prêtre Ici la fraise est rouge et les lilas sont morts La couleuvre se love en la paille où je dors Quand s'éveille la nuit la Champagne tonnante La nuit quand les convois traînent leur rumeur lente À travers la Champagne où tonnent nos canons Et les flacons ambrés Et si nous revenons Dieu Que de souvenirs Je suis gai pas malade Et comme fut Ronsard le chef d'une brigade Agent de liaison je suis bien aguerri J'ai l'air mâle et fier j'ai même un peu maigri Des braves fantassins je connais les tranchées Où les Gloires de pourpre aux créneaux attachées Attendent que nos bleus les violent enfin Au nez de Rosalie épouse du biffin Êtes-vous en Argonne ou dans le Labyrinthe Moi je ne suis pas loin de Reims la ville sainte Je vis dans un marais au fond d'un bois touffu Ma hutte est en roseaux et ma table est un fût Que j'ai trouvé naguère au bord du Bras de Vesle Le rossignol garrule et l'Amour renouvelle Cependant que l'obus rapace en miaulant Abat le sapin noir ou le bouleau si blanc Mais quand reverrons-nous une femme une chambre Quand nous reverrons-nous Mais sera-ce en septembre Adieu Léo Larguier ça barde en ce moment 105 et 305 le beau bombardement Je songe au mois de mars à vous à la tour Magne Où est mon chocolat Les rats ont tout croqué Et j'ajoute mon cher style communiqué Duel d'artillerie à minuit en Champagne Date de création : 22/10/2007 @ 16:58
Dernière modification : 23/07/2012 @ 09:00
Catégorie : Guillaume Apollinaire
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